top of page

Notre Histoire

 Il y a quelques années ma maman m’a offert un livre qui a beaucoup influencé ma vision du monde : “Une chambre à soi” de Virginia Woolf. Il y a ces quelques mots que vous connaissez certainement déjà : “Une femme, pour être en mesure d’écrire, doit avoir de l’argent et une chambre à elle.” Oui, nous avons besoin d’une chambre à nous. J’ai toujours su que nous aurions besoin d’un espace à nous pour créer. Pour écrire des livres, peindre des chef d’oeuvres, réaliser un court métrage, ou encore monter une exposition.

Une chambre suffit pour rentrer dans l’histoire de la littérature.

Une chambre suffira pour commencer à écrire l’histoire de l’art de demain.

Du moins au début.

 

La première fois que j’ai posé le mot “Art Girls” sur ce que je faisais, c’était il y a 4 ans, à la sortie du confinement en septembre 2020. En 4 ans, il s’est passé tellement de choses, et en même temps, rien ne va jamais assez vite à mon goût… J’ai organisé mes premières expositions dans des Airbnb, mais cette année, j’ai emmené ces deux petits mots aux consonances enfantines au Grand Palais Ephémère pour un solo show de June Kim, à Lisbonne pour une installation collective, au Vatican pour une intervention au sein de l’Académie des Sciences, à Rome au coeur de la Villa Medici, sur les écrans de vos télé avec le documentaire Arte, dans l’ancien musée Pierre Cardin à l’occasion de la MENART Fair… Et dans un paquet d’autres endroits dont j’ai totalement oublié le nom. En 2024, je signe notre premier projet institutionnel, je dépasse le pallier des 50,000€ de vente pour l’acquisition d’une œuvre unique, je sors le programme d’incubateur à destination des artistes, je signe des collaborations long termes avec des artistes qui me semblaient inatteignables, et surtout… Je monte drastiquement en gamme, que ce soit au niveau des artistes présentées ou de notre clientèle. C’est bien, mais une montée en gamme ça coûte cher. Et il faut que j’arrive à l’assumer, sinon on va droit dans le mur.

 

Il y a un peu plus d’un an, quand j’ai annoncé ce projet complètement fou d’ouvrir un lieu de 300m2 en banlieue dédié aux artistes femmes, j’étais quelqu’un de très différent. J’ai tellement, tellement, tellement tardé à ouvrir ce lieu. Pourtant je l’ai trouvé cet espace, gratuit même, alors certes il fallait faire 80,000 euros de travaux, mais j’avais négocié un bail gratuit sur 3 ans. Pourtant, ces derniers mois, après avoir obtenu ce dont j’avais rêvé, plus j’y pensais, plus j’angoissais. J’ai quelqu’un à qui je tiens beaucoup qui m’a dit il y a quelques jours : “Il ne faut pas rester prisonnier des lieux qu’on possède.” Merci pour ces quelques mots glissés au détour d’une conversation, ils m’ont beaucoup aidé. Pour être honnête, ils m’ont libérée. Je n’ai pas honte de dire que cette année m’a fait grandir. Beaucoup de choses se sont passées depuis. Déjà il y a eu la guerre, celle qui continue en Ukraine, celle qui s’embrase au Moyen Orient, et ces guerres, cette violence, ont frappé de plein fouet une partie de nos artistes et de notre clientèle. Et j’ai peut-être encore cette naïveté enfantine de ne pas comprendre que la guerre puisse exister. J’ai vu beaucoup de violence de tous les côtés. J’ai constaté le boycott accéléré d’un certain nombre d’artistes en raison de leur nationalité, y compris de la part de personnalités publiques. J’ai entendu des réflexions racistes sur mes artistes, j’ai vu l’antisémitisme et l’islamophobie monter, et moi, je veux être en mesure de protéger nos artistes, nos clients, notre communauté, Sarah et moi de cette violence. Mon regard sur le milieu de l’art a aussi beaucoup évolué, je remercie beaucoup de mes confrères et consoeurs plus expérimentés d’avoir été transparents avec moi sur la réalité de notre activité.

 

La réalité c’est qu’aujourd’hui je ne veux pas que notre mariage débouche sur l’ouverture d’un grand lieu de 300m2. Non. Je veux qu’on prenne ensemble un appartement à taille humaine dans Paris. Je veux voir moins de gens, mais je veux les voir mieux. Je veux de la convivialité, je veux de l’intimité, je veux pouvoir prendre le temps de m’intéresser aux personnes qui viennent nous voir. Je ne peux pas répondre à toutes les demandes de café, d’appels, de rendez-vous que je reçois, c’est impossible humainement. Mais je peux créer des plages horaires durant lesquelles on aura vraiment du temps à vous consacrer. Cet appartement on va le faire vivre, certainement pas avec des grands vernissages, mais au contraire, avec des petites tranches d’intimité :

  • Tous les jeudis soirs, on organise un diner privé avec moi, Sarah, une artiste, deux collectionneurs qui ne se connaissent pas, et un professionnel du monde de l’art (journaliste, critique d’art, curateur, galeriste, commissaire-priseur, conservateur…)

  • Tous les samedis, n’importe quelle personne de notre communauté peut prendre RDV pour venir découvrir durant 1h les oeuvres de la galerie et échanger avec moi et Sarah. Ce seront des créneaux ouverts à 2 personnes, la condition est que les 2 personnes ne se connaissent pas.

 

Dans ce contexte de violence, nous avons besoin d’endroits à nous. De cocons, dans lesquels nous pourrons nous rencontrer, échanger, construire ensembles. Et moi j’ai besoin de retrouver du sens dans ce que je fais. Je veux être la petite souris à l’abri des regards qui creuse son trou. Je veux chuchoter dans cette époque où tout le monde hurle, recréer du lien et de l’intimité dans cette société où on se regarde à peine. Et surtout, je veux reconnecter au coeur de mon métier : créer un espace propice à la rencontre entre les artistes, les oeuvres, les collectionneurs et le public. Tout le reste, c’est du plus. Commençons par cette chambre. Faisons de cette chambre la plus belle chambre de Paris. Et ne vous inquiétez pas pour la suite, il est hors de question de cantonner ces deux petits mots aux consonances enfantines à Paris.

​

Annelise Stern, Fondatrice de la Art Girls Gallery

Screen Shot 2024-12-24 at 10.07.14.png

Annelise Stern

Galeriste & Fondatrice
annelise@artgirls.store

Sarah Maurin

Liaison artistes
sarah@artgirls.store

bottom of page