“L'esprit cherche et c'est le cœur qui trouve.”
(George Sand)
Petit déclic hier soir lorsqu'un proche a évoqué cette citation de George Sand. S'il a entreprit de faire le lien entre son expérience, son ressenti en tant que musicien et cette phrase, je pense que l'on peut aussi bien l'employer pour décrire une forme de réalité du marché de l'art.
Au début lorsque je cherchais en tant que galeriste des artistes, je me posais beaucoup de questions sur les portfolio que je recevais. Sur la technique utilisée, la pertinence du propos, la carrière de l'artiste, la clientèle susceptible d'acquérir ce type d’œuvres... Et puis un jour, au détour d'un chemin, d'un atelier d'artiste, ou encore d'un compte Instagram, j'ai un coup de foudre. Tout d'un coup je ne me pose plus aucune questions. C'est une évidence.
Lorsque je décide enfin de présenter cet artiste au public, je commence généralement par écrire. Alors j'écris sur l'artiste, sur son oeuvre. Je fais attention à écrire de belles tournures de phrases, à insérer quelques références à l'histoire de l'art, à mettre en valeur son parcours, sa technique, ou encore son processus. J'argumente, j'essaye de convaincre. Je cherche à mettre en avant, de façon rationnelle, la pertinence de ma sélection. Je me raccroche à des éléments parfois improbables, pour me rassurer sur mon propre choix. En fait, la plupart du temps je suis simplement tombée amoureuse.
Puis, j'entreprend de confronter le public, le collectionneur, aux œuvres de mon nouvel artiste. On échange, on argumente, parfois même on négocie. Finalement, c'est assez drôle quand on y pense. Parce que l'achat d'une oeuvre d'art, ce n'est ni plus ni moins que le début d'une histoire d'amour. C'est sans doute ce qui explique pourquoi la première oeuvre d'art revêt une importance particulière pour le futur collectionneur, comme un premier amour. Le collectionneur Bernard Landriault, s'interrogeant sur le sens de sa collection déclare ainsi : "L'aventure de lire et d'écrire sur cette question, notamment en philosophie de l'art, m'a beaucoup plu, dit-il. J'ai compris qu'on ne s'intéressait pas à ce qu'est l'art mais à ce que l'art nous fait. Pourquoi il nous fait vibrer."
Finalement, le critique d'art, l'historien, le collectionneur ou encore le galeriste cherchent toute leur vie à rationaliser quelque chose de totalement irrationnel, de passionnel. L'on pose des mots, l'on séquence l'histoire de l'art que l'on érige presque en sciences.
"Je suis tombée amoureuse." C'est ridicule, inconcevable et terriblement puéril. Mais c'est finalement la réponse la plus sincère que l'on puisse vous délivrer.
Nous auront beau nous cacher derrière nos références, nos mots savants, nos analyses si brillantes... Derrière tout cela, c'est notre cœur qui parle, c'est lui qui vibre. N'ayez jamais peur de franchir les portes d'une galerie. Une galerie d'art, c'est juste un galeriste qui vous ouvre son cœur.
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