Pearl in the Osyter #5
par Fatimah Hossaini
Date : 2020
Dimensions : 70 x 46 cm
Médium : Photographie
Nombre d'éditions : 10 éditions
Prix : 4,000€
Propos artistique
La série Pearl in The Oyster (2020) est née du désir de l'artiste Fatimah Hossaini de mettre en lumière les facettes moins connues de la société afghane, notamment culturelles, tout en abordant la dynamique des genres et les normes sociétales dans une exploration de la féminité afghane. Dans une société où les femmes sont soumises à des restrictions enracinées, l'artiste offre au spectateur la beauté et la diversité de la féminité et des traditions afghanes. Il s'agit d'une véritable célébration de la richesse culturelle et traditionnelle ainsi que des multiples beautés des femmes photographiées. De nombreuses femmes, dans de nombreux lieux, porteuses de nombreuses cultures et traditions, l'artiste crée une série en dehors des clichés et des stéréotypes véhiculés sur son pays, capturant des compositions empruntes de force et de sincérité. Des femmes qui défient les tabous, assument leur identité et vivent. Fatimah Hossaini révèle leur beauté physique, leur féminité, leur timidité, leur coquetterie et leur force intérieure dans des scènes colorées et intimes pour défier les idées reçues qui maintiennent ses femmes dans une position de victimes, faibles et sans voix. Pearl in the Oyster donne à ses femmes une voix, une opportunité d'être représentées avec sincérité et humanité.
Cette série n'a pas encore de fin et n'en aura peut-être jamais. Exilée en France depuis la prise de Kaboul par les talibans en 2021, Fatimah Hossaini n'a jamais pu retourner en Afghanistan. L'artiste considère qu'elle est dans les limbes, espérant rentrer un jour au pays pour poursuivre son travail. Même si elle retourne en Afghanistan, elle n'aura peut-être jamais assez de clichés pour exprimer la beauté de l'Afghanistan. C'est un témoignage infini de ces cultures attrayantes, diverses et fertiles.
Biographie
Le 15 août 2021, les médias du monde entier annoncent la prise de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, par les talibans. Derrière le récit médiatique, derrière les chiffres, derrière les lois, toutes plus absurdes les unes que les autres, se cachent des histoires personnelles, des visages et des vies qui changent à jamais. Fatimah Hossaini est née en 1993 à Téhéran, en Iran. Ses grands-parents ont quitté leur pays, l'Afghanistan, pendant la guerre contre l'URSS. Fatimah a donc passé son enfance loin de l'Afghanistan. Le racisme omniprésent à l'égard des Afghans dans les institutions iraniennes lui a fait comprendre dès son plus jeune âge qu'elle ne serait jamais reconnue en tant qu'Iranienne. En 2013, alors qu'elle étudiait à l'université de Téhéran, elle a dû retourner en Afghanistan pour des formalités administratives. Ce premier retour aux sources a été un électrochoc. Diplômée en photographie à l'université de Téhéran, elle part réaliser des reportages photo en Afghanistan, en République démocratique du Congo et en Asie centrale, avant de se voir proposer un poste à l'université de Kaboul (Afghanistan), où elle s'installe définitivement en 2018. Sa vie se dessine entre Kaboul et Téhéran, jusqu'à l'arrivée au pouvoir des talibans. Menacée par les talibans, Fatimah s'exile.
Fatimah Hossaini a trouvé refuge en France, d'abord à l'Atelier des Artistes en Exil, avant de rejoindre la résidence de la Cité Internationale des Arts à Paris. Elle a emporté ses photographies avec elle. En tant qu'historiens de l'art contemporain, nous devons réfléchir aux images qui marqueront notre époque. Quelles sont les images qui marqueront le début du 21e siècle ? Il y a des œuvres pour lesquelles nous n'avons pas besoin d'argumenter ou de convaincre. Parce qu'elles sont évidentes. Les images prises par Fatimah Hossaini ont fait et continuent de faire le tour du monde, sur les réseaux sociaux ou dans nos médias plus traditionnels. Elles resteront une référence pour les décennies à venir. Son œuvre est un morceau d'histoire. L'histoire de l'Afghanistan, mais aussi notre histoire à tous. Car nous avons tous été confrontés à ses photographies. Dans dix ans, nous les retrouverons dans les livres d'histoire de nos enfants. En Afghanistan, Fatimah Hossaini a axé sa pratique artistique sur les questions d'identité et de genre. En Iran, on lui avait toujours donné une image très sombre des femmes afghanes.
Pourtant, lorsqu'elle s'est rendue sur place, elle a été confrontée pour la première fois à leur force, à leur résistance et à leur beauté. C'est ainsi qu'est née sa série Beauty Amid War, qui documente la vie quotidienne des femmes afghanes en dehors des contraintes de l'oppression patriarcale et des restrictions liées au genre dans leur pays. Loin du sombre niqab, les femmes qu'elle photographie sont vêtues de robes afghanes traditionnelles. Ces images contrastent fortement avec les discours incessants de l'Occident sur la guerre et les burqas. Le travail de Fatimah Hossaini porte sur autre chose. Ses photographies parlent de la beauté des femmes afghanes, de la diversité culturelle de son pays, mais surtout des points communs qui unissent les femmes afghanes aux autres femmes du monde. Est-il vraiment nécessaire de dire à quel point ces femmes sont courageuses ? Oui, elles sont suffisamment courageuses pour briller à l'écran.
Texte écrit par Annelise Stern - copyright ART GIRLS