Âmes soeurs le soutien
par Sylvie Castioni
Date : 2016
Dimensions : 46,2 x 30 cm
Médium : Photographie Tirage Epson P20 000 Noir et Blanc sur RC Satiné Photo Premium Infinity Canson 310g
Nombre d’édition : Edition de 5
Prix : 1,500€
Propos artistique
Dans cette série, Sylvie Castioni capture un moment de sororité, de confiance et de tendresse entre ces deux femmes. Les deux se supportent, s'entraident, danse et se soutiennent mutuellement face à un monde qui tend à nous mettre en compétition les unes envers les autres. Sylvie parvient à isoler un instant pur où les deux femmes ne forment plus qu'une face à l'adversité.
Biographie
Sylvie Castioni (précédemment connue sous le nom de Sylvie Malfray) est une artiste photographe française, connue pour bâtir des ponts entre le milieu de la mode, de l’art et du cinéma, tout en cherchant à créer un nouveau langage visuel. De par son engagement artistique, elle aspire à transformer les imaginaires collectifs, à inspirer et sensibiliser, faisant de son œuvre un vecteur de changement vers une société plus équilibrée et inclusive. À la manière d’une performeuse burlesque sur la scène d’un grand cabaret, la photographe utilise les stéréotypes de genres de notre époque pour mieux les déjouer, apprendre à se les réapproprier et surtout s’amuser avec ces derniers.
Diplômée de la faculté d’arts plastiques de Saint-Étienne, elle s’oriente dans un premier temps vers une carrière d’enseignante, pour correspondre aux attentes de sa famille italienne conservatrice. Mais en 2001, un drame familial éclate : le suicide de son frère. Cet événement traumatique bouleverse sa trajectoire professionnelle et marque le début de son émancipation artistique. C’est décidé, elle quitte sa province natale pour s’installer sur Paris et se lance dans la photographie de mode, un rêve qu’elle chérissait depuis longtemps. Dès son enfance, Sylvie Castioni est en effet fascinée par l'image des top-modèles des années 1990, qu’elle perçoit comme des figures paradoxales : à la fois objets d’un système patriarcal et icônes toutes puissantes. La photographe rencontre rapidement un fort succès dans l’écosystème de la mode, son agenda est alors rythmé de voyages aux quatre coins du monde, tandis que son mari met de côté sa carrière pour s’occuper de leurs deux enfants.
Dans cet univers extrêmement codifié, Sylvie Castioni explore les normes de beauté de notre époque et leurs stéréotypes. Bien que ce travail lui permette de comprendre et de déconstruire ces schémas, elle ressent un malaise croissant face à l’objectification dont les femmes sont victimes dans son secteur d’activité. Un jour, il y aura le shooting de trop, consternée par le traitement d’une mannequin comme d’un porte-manteau, elle prend alors la décision de réorienter son art vers une approche de la photographie plus personnelle et significative. C’est ainsi qu’à partir de 2010, Sylvie Castioni s’engage dans un processus de transformation de son art, influencée par ses séances photos de célébrités comme Léa Seydoux. En capturant des moments d’intimité et de vérité, elle développe une approche qui écoute et valorise ses modèles, souvent à travers des portraits dépouillés de tout artifice. Elle s’éloigne de l’idée de "prendre" des photos, pour désormais recevoir et accueillir ce que ses modèles souhaitent lui offrir, s’éloignant ainsi des pratiques traditionnelles de l’industrie.
Entre 2016 et 2019, une série d’événements marquants – la découverte d’abus dans le milieu de la mode de la part d’un proche, le documentaire Women (2019) d’Anastasia Mikova et le spectacle Les Chatouilles (2018) d’Andréa Bescond – déclenche une prise de conscience profonde de l’artiste. À travers son art, Sylvie Castioni entame un processus de déconstruction personnelle et artistique, revisitant son passé et ses traumatismes enfouis. L’art devient pour elle une fenêtre sur la compréhension des enjeux sociétaux, notamment les dynamiques de pouvoir existantes et la place des femmes au sein de notre société.
Sylvie Castioni élargit son champ artistique en combinant à travers une série de projets, la photographie, la vidéo et la performance. Elle développe des projets audacieux, comme un travail sur la masculinité avec Playboy, où elle cherche à rééquilibrer les représentations du masculin et du féminin. En photographiant des nus masculins vulnérables, elle déconstruit les stéréotypes de force et de domination, tout en affirmant la puissance des femmes. Son travail artistique devient aussi un outil d’impact sociétal. Avec Laposte, elle réalise une série de portraits inspirants pour encourager les femmes à accéder à des postes de pouvoir. Elle collabore également avec Sephora sur un projet européen célébrant la diversité corporelle, qui sera exposé dans leurs boutiques en 2025. Ces nouveaux projets ne lui font pas oublier ses amours du passé, et le cinéma, un autre champ de représentation puissant, influence toujours profondément Sylvie Castioni. Son constat sur cette industrie est sans appel : “Il n’y a pas de femmes réalisatrices, on ne les voit pas, alors qu’elles changent le monde, il FAUT qu’on les voit.” Convaincue de son rôle dans le changement sociétal, elle initie ainsi un projet hybride photo-vidéo dédié aux réalisatrices, qui s’étend sur plusieurs années et compte plus de 40 portraits. Ce projet est présenté au Festival de Cannes, où il reçoit le soutien de TikTok et de France Télévisions.
À travers son œuvre, Sylvie Castioni explore le thème de la guérison, tant personnelle que collective. Son exposition À corps perdu illustre son voyage intérieur et sa quête de réconciliation avec son propre corps et son histoire. Aujourd’hui, elle accompagne les femmes dans une démarche de réappropriation de leur image et de leur pouvoir. Enfin, c’est lors d’une exposition collective au Studio 57, que la photographe se révèle sur la scène artistique, mélangeant une performance singulière et à ses photographies. Cette expérience la pousse à explorer ses archives des vingt dernières années, jusqu’alors tenues secrètes par manque de confiance en elle, et à se lancer dans une nouvelle carrière dans le marché de l’art.
Texte écrit par Annelise Stern - copyright ART GIRLS